Aller au contenu
Accueil » Articles Santé » Qu’est-ce qu’une cytoponction ?

Qu’est-ce qu’une cytoponction ?

microscope analyse cytoponction

La cytoponction, c’est quoi cette démarche médicale ? La cytoponction couvre plusieurs domaines de la médecine comme la cancérologie, l’endocrinologie, l’infectiologie, la gynécologie, l’urologie … en fait presque toutes les spécialités médicales. 

C’est un examen diagnostic, effectué par un médecin radiologue. Et oui, les radiologues sont des médecins spécialistes surtout connus pour interpréter des radios et autres examens mais ils font aussi pour certains de la radiologie interventionnelle. La radiologie interventionnelle est une partie de la radiologie qui permet de diagnostiquer et même de traiter certaines maladies ou affections. Le radiologue utilisera alors les moyens de l’imagerie à sa disposition pour procéder à des actes diagnostiques et à des actes thérapeutiques. 

En ce qui concerne la cytoponction, le radiologue utilisera le plus souvent comme outil l’échographie. Parfois seront utilisés radiographie, scanner et IRM. 

Mais c’est quoi la cytoponction ?  Je parle, je parle, mais toujours pas de définition. Une cytoponction est un prélèvement à l’aide d’une aiguille fine (et donc avec la présence également d’une seringue) de cellules contenues dans une lésion nodulaire ou ganglionnaire. C’est en quelque sorte une piqure à l’envers. Au lieu de pousser un produit dans l’organisme, on aspire des cellules présentes dans un nodule ou un ganglion. Le recueil de cellules sera ensuite examiné au microscope pour permettre un diagnostic cytologique.  A ce stade, 2-3 petites définitions à vous donner : 

  • Nodule : C’est une formation anormale, plutôt arrondie et généralement, de petite taille dans un organe ou à sa surface. Ce nodule peut être cancéreux ou pas. 
  • Ganglions : C’est en fait ce qu’on appelle les ganglions lymphatiques. Ces ganglions sont des petites boules reliées les uns aux autres par les vaisseaux lymphatiques (dans lesquels s’écoulent un liquide appelé lymphe). Ils sont de la taille d’un petit pois. Ces ganglions sont chargés de filtrer les microbes et les cellules circulant dans le liquide lymphatique. Ils sont situés dans tout le corps, avec des endroits où ils sont plus regroupés comme le cou, les aisselles et l’aine. 
  • Cytologie : C’est l’étude des caractères morphologiques et fonctionnels des cellules isolées.  

 On peut faire une cytoponction de nombreux organes.

situation de la thyroïde
schéma descriptif de la thyroïde

La principale indication est la cytoponction de la thyroïde.

La thyroïde est un petit organe. C’est en fait une petite glande d’à peu près 5 cm de diamètre, de la forme d’un papillon. Elle est située juste sous la peau du cou au-dessous de la pomme d’Adam.

Petite définition en passant (je sais que vous aimez ça !) : une glande est un organe qui synthétise (fabrique) une substance qui sera par la suite sécrétée. Dans le cas présent, la thyroïde est une glande qui sécrète les hormones thyroïdiennes. Les hormones thyroïdiennes contrôlent de nombreuses fonctions vitales de l’organisme. Elles sont donc super importantes, car sans elles, on ne peut pas vivre. Je sens un peu le stress monter, car vous me direz que vous connaissez forcément quelqu’un qui n’a plus de thyroïde, donc comment fait-il pour survivre ? Heureusement, il existe des médicaments qui remplacent très efficacement la thyroïde en apportant artificiellement les hormones thyroïdiennes manquantes. Et même s’il oublie de prendre un jour sont médicament, il ne se passe rien … heureusement. 

Si vous voulez plus de détails sur ce passionnant sujet, voici un article complet provenant de Wikipédia au sujet des hormones thyroïdiennes.

La cytoponction de la thyroïde est facile à réaliser car l’organe est situé juste sous la peau, et la thyroïde est un petit organe facilement palpable.  De plus, la thyroïde développe souvent des nodules, plus ou moins gros, et plus ou moins nombreux. C’est une pathologie retrouvée très fréquemment en médecine générale. La cytoponction de la thyroïde est souvent prescrite suite à la réalisation d’une échographie pour savoir si un nodule est suspect de cancer ou non. 

Et il ne faut surtout pas se priver de réaliser une cytoponction de la thyroïde au moindre doute, car cet examen permet souvent de se rassurer, et dans le cas de la découverte de cellules cancéreuses, on peut alors agir très vite et le taux de guérison des cancers de la thyroïde est proche de 100 % ( environ 98 % de survie à 5 ans). 

Qu’est-ce qui détermine que l’on va réaliser une cytoponction de la thyroïde ou non ?  Et bien, ce sera l’échographie. En effet, le radiologue ou l’échographiste (c’est en fait la même personne), va réaliser son examen, et s’il trouve un ou plusieurs nodules, il va les classifier. Il utilisera la classification Ti-Rads. En France, ce sera la classification EU-TIRADS. On aime bien les choses compliquées en médecine, mais dans le cas présent, c’est super intéressant car chaque nodule sera classifié avec précision. Cela permettra de le surveiller dans le temps, et de savoir s’il faut aller plus loin dans les explorations ou non. Pour en revenir à ce terme pompeux de EU-TIRADS, c’est en fait l’acronyme de European Thyroid Imaging Reporting and Data System ( et oui, encore un peu d’anglais, on aime bien !). 

La classification EU-TIRADS va donner plusieurs scores possibles qui sont : 

  • Stade 1 : examen normal, rien à signaler, thyroïde magnifique … 
  • Stade 2 : Présence de lésions bénignes (nodules déjà connus et qui sont stables, kyste bénin). Dans ce cas-là, il faudra par la suite faire une surveillance simple. Pas besoin de réaliser une cytoponction de la thyroïde. 
  • Stade 3 : La lésion retrouvée, le plus souvent un nodule, est probablement bénigne. Alors ça, c’est puissant… probablement. Les patients adorent ce terme tellement anxiogène. Alors docteur, c’est embêtant ou pas ? Et pourtant, les lésions Eu-Tirads 3 sont très fréquemment retrouvées. Il faut si faire. On va simplement les surveiller de très près, refaire une ou plusieurs échographies de façon rapprochée, et le plus souvent elles n’évoluent pas défavorablement. 
  • Stade 4A : Faible suspicion de malignité (cancer). Dans ce cas, il faut faire une cytoponction du nodule la thyroïde.
  • Stade 4 B : forte suspicion de malignité. Obligation de réaliser la cytoponction du nodule de la thyroïde.
  • Stade 5 : cancer très probable. Cytoponction du nodule très suspect de la thyroïde obligatoire.  

La cytoponction mammaire est indiquée après la découverte d’une lésion suspecte à la mammographie et à l’échographie mammaire.  Parfois cette lésion, est découverte après la réalisation d’une IRM mammaire. 

Le plus souvent, le radiologue effectuera une microbiopsie du sein pour essayer d’avoir des petits morceaux de tissus mammaire afin d’avoir plus de chance de trouver des cellules cancéreuses ou pas. C’est l’examen de référence actuellement, réalisable au cabinet de radiologie en ville, donc pratique et rapide. 

Dans d’autre cas, il choisira plutôt de réaliser une cytoponction mammaire. Les raisons en sont un peu complexes et on ne va pas entrer dans les détails (même moi je n’en ai pas trop envie …).  

La cytoponction mammaire est réalisée avec l’aide de l’échographie. Autre intérêt de cette ponction par aiguille fine, c’est qu’elle va permettre dans certain cas de pouvoir vider un kyste ou un abcès. 

Le problème de la cytoponction mammaire, c’est qu’elle présente des limites. Si elle ramène des cellules cancéreuses, elle permet de passer à l’étape suivante des bilans complémentaires et du traitement. Si la cytoponction mammaire est négative, il faudra faire d’autres examens pour avoir plus de précisons et de sureté dans le diagnostic. 

systeme lymphatique
Système lymphatique

La cytoponction ganglionnaire concerne les ganglions, et plus récemment les adénopathies.

Encore un terme technique. L’adénopathie concerne une anomalie d’un ou plusieurs ganglions lymphatiques. C’est un terme très souvent utilisé en médecine. Vous ne vous en rendez peut-être pas toujours compte, mais quand votre médecin vous examine dans les règles de l’art (c’est joliment dit ça !), il vous palpe pleins d’endroits différents de votre corps afin de repérer des ganglions augmentés de volume (adénomégalies).

palpation d'organes

Ceci concerne plus particulièrement les zones riches en ganglions que sont le cou, les creux axillaires (c’est à dire les aisselles, et pour celles et ceux à qui cela ne parle toujours pas, c’est le creux, poilu … ou pas selon les envies, situé sous l’épaule et à la racine du bras), les creux sus-claviculaires(au-dessus des clavicules) et des creux inguinaux (entre le pubis et la racine des cuisses au niveau de l’aine). Une adénopathie et une adénomégalie sont deux termes médicaux pour dire à peu près la même chose. 

Les ganglions lymphatiques sont des éléments indispensables du système immunitaire pour se défendre et éliminer les éléments pathogènes de l’organisme. Donc, quand un élément pathogène se présente, les ganglions gonflent.

Les adénopathies seront superficielles, c’est à dire qu’on pourra les palper lors de l’examen clinique. Elles seront profondes dans le thorax et l’abdomen principalement. Là on ne peut pas les palper.

Leurs origines regroupent 3 grands groupes : 

  • Liées à une infection. Pleins de microbes peuvent être en jeu.
  • Liées à un cancer du système lymphatique que l’on appelle lymphome.
  • Liées à des métastases ganglionnaires. C’est à dire que dans ce cas-là, les ganglions sont envahis par ces cellules cancéreuses venant d’un autre organe (sein, tumeur ORL, tumeurs de l’abdomen, et beaucoup d’autres). 

On va s’arrêter là, car ce n’est pas le sujet, mais voici des liens pour de plus amples informations : 

Adénopathie : Wikipédia

Lymphadénopathie : Le manuel MSD

La cytoponction ganglionnaire concerne essentiellement les adénopathies superficielles. C’est somme toute logique !  

Cet examen est facile à réaliser. Devant une adénopathie, on peut faire plein d’autres examens comme prise de sang, imageries (radios, scanner …), biopsie. 

L’avantage de la cytoponction ganglionnaire est la facilité de réalisation et la rapidité de son exécution et des résultats à venir. 

Si la cytoponction ganglionnaire donne des résultats anormaux, ceci débouche le plus souvent sur une biopsie chirurgicale du ganglion afin d’obtenir une analyse histologique. L’histologie est l’étude au microscope des tissus organiques afin d’obtenir si possible le diagnostic d’une maladie. 

Voilà ce que je pouvais vous dire concernant la cytoponction ganglionnaire. On pourrait faire plus complet, mais là, on rentrerait dans les zones stratosphériques de la médecine. Je n’en ai pas les compétences, ni franchement l’envie !

On va pouvoir faire des cytoponctions pour pleins d’organes. On va les classer entre les lésions superficielles et les lésions profondes. 

  • Seins, thyroïde et ganglions (déjà évoquées)
  • Glandes salivaires
  • Lésions cutanées et lésions sous-cutanées (juste sous la peau)
  • Lésions musculaires
  • Lésions de la parotide
  • Prostate …    
  • Foie
  • Poumons
  • Pancréas
  • Reins
  • Ganglions profonds
  • Autres masses profondes situées dans l’abdomen, le thorax, le pelvis, le rétropéritoine … 

La cytoponction, se déroulera dans un cabinet de radiologie (cytoponction d’un nodule de la thyroïde, cytoponction ganglionnaire cervicale, cytoponction d’un kyste mammaire, cytoponction de la parotidienne …), ou à l’hôpital notamment pour une cytoponction profonde. 

Les radiologues pratiquant ces examens sont par définition compétents. Mais certains sont plus spécialisés que d’autres pour tel ou tel organe. Je pense que vous devez toujours en parler à votre médecin traitant, car ce dernier connaît beaucoup de médecins dans ses correspondants, et il pourra vous aiguiller (ah, ah, je n’ai pas fait exprès !) au mieux.

Par exemple, en ce qui me concerne, j’oriente toujours mes patients vers un médecin X que je connais bien pour les problèmes de thyroïdes. C’est vraiment son domaine, et ils ont plus de chance avec elle (c’est une femme) que la cytoponction de la thyroïde soit la plus efficace possible. Pour le sein, je travaille avec le Dr Y, car elle (encore une femme ! Je travaille aussi avec des hommes, rassurez-vous) son dada c’est le sein et la cytoponction mammaire sera efficace. Le hasard fait souvent bien les choses…mais pas toujours. Maintenant vous faites ce que vous voulez, mais je vous l’aurais dit. 

Bien évidemment, le radiologue verra avec vous s’il existe des contre-indications à la réalisation de la cytoponction, si certains de vos médicaments (notamment les anticoagulants et les antiagrégants plaquettaires comme l’aspirine) ne posent pas de problèmes. Quelques fois, il faut consulter avant l’examen votre cardiologue afin de modifier certains de vos traitements, mais rien de méchant. Comme ça, on évitera les saignements. 

Parfois, il faudra apporter une prise de sang récente afin, par exemple, de vérifier votre fonction rénale (si les reins marchent bien en fait). 

Faut-il être à jeun ? Généralement non, mais dans certains cas, oui. 

Et pour finir, le plus important : amener votre carte vitale, c’est capital… Non, je vous charrie un peu, car ce n’est vraiment pas le plus important, en tout cas pas pour moi, mais pour la secrétaire que vous allez croiser, oui ! Ce n’est pas la peine d’augmenter votre stress en se mettant à dos la secrétaire. 

cytoponction

Le médecin (ou l’infirmière qui peut l’accompagner) va faire une asepsie rigoureuse au niveau du site de cytoponction avec un antiseptique puis va vous mettre des champs stériles.  

Il effectuera ensuite la ponction proprement dite en s’aidant le plus souvent de l’échographie. Parfois, il fera une petite anesthésie locale si besoin. Il utilisera comme je vous l’ai déjà dit une seringue avec une aiguille très fine. 

Quand la cible est atteinte, il fait son ou ses prélèvements qu’il étalera par la suite sur une lame de cytoponction avant que cette dernière ne parte au laboratoire d’anatomopathologie dédié. 

L’examen aura été de courte durée dans la majorité des cas, et le plus souvent très peu douloureux surtout en présence d’un radiologue expérimenté. 

Vous avez aussi un rôle à jouer pour limiter les douleurs. Plus vous serez zen (facile à dire !), moins vous aurez mal. 

Et pour finir, vous aurez le droit à un joli pansement. 

Pour les cytoponctions profondes, c’est un peu différent, car il faut être hospitalisé. 

Généralement, on reste à l’hôpital la journée, et au maximum 24 heures 

Il se peut que certaines cytoponctions nécessitent une courte anesthésie générale.  

La cytoponction proprement dite dans ces cas sera réalisée par un radiologue, mais aussi par un spécialiste d’organe comme par exemple un pneumologue, un urologue ou un gastro-entérologue. 

En conclusion, la cytoponction est un geste à connaître, car fréquent en médecine. 

Elle est le plus souvent réalisée par un médecin radiologue.

C’est un geste peu invasif. Le terme invasif en médecine veut dire que l’on agresse littéralement l’organisme afin de réaliser un examen diagnostic ou un soin. Par exemple pour une cytoponction ganglionnaire, on ne plante qu’une fine aiguille dans un ganglion : c’est peu invasif. Si on fait une biopsie ganglionnaire, cela veut dire que l’on enlève chirurgicalement soit une partie, soit la totalité du ganglion : c’est invasif. 

C’est un geste le plus souvent facilement réalisable, rapide, et ne coutant pas très cher. 

C’est un geste peu douloureux la plupart du temps. 

Il n’y a quasiment pas de complications si le médecin prend bien ses précautions, mais là, on peut lui faire confiance, car si vous l’avez bien choisi, il aura l’habitude et l’expérience. 

Et pour finir, la cytoponction évite un acte chirurgical dans de nombreux cas.  

Article écrit le 3 Mars 2022 par Docteur santé

Cette page médicale est une source d’information comme bien d’autres et ne détient pas forcément la vérité absolue. Si cette page répond à des questions que vous vous posez, il est impératif cependant d’en parler secondairement à un médecin pour qu’il vous confirme et vous explique vos problèmes médicaux et leurs prises en charge. Internet est sans doute une source d’information très précieuse pour vous, mais seul un médecin (médecin traitant ou spécialiste) peut faire la part des choses et vous soigner correctement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.