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Quels sont les symptômes d’une cruralgie ?

Introduction 

Connaissez-vous les symptômes d’une cruralgie ?

Nous connaissons tous quelqu’un, voire nous-mêmes, qui a souffert un jour d’une sciatique. La sciatique est donc bien connue du grand public. Mais qu’en est t’il de la cruralgie ? C’est une affection ayant les mêmes caractéristiques que la sciatique. Les deux sont liées à des pathologies de la colonne vertébrale en bas du dos. 

La sciatique est une douleur qui part de l’arrière du dos au niveau du rachis lombo-sacré. Elle descend par la suite sur l’arrière ou le côté du membre inférieur, parfois jusqu’au pied. La cruralgie quant à elle a le même départ mais descend sur l’avant du membre inférieur et vers l’intérieur de la cuisse. Il s’agit d’un résumé très court, mais c’est l’idée principale. 

douleur lombaire et cruralgie

Je tenais donc à vous parler des symptômes de la cruralgie. En effet, c’est toujours un étonnement quand j’évoque ce diagnostic. Il est pourtant presque aussi fréquent que la sciatique. Dans certain cas, on peut avoir les deux associés, sciatique et cruralgie. 

La cruralgie et le nerf crural

Avant d’évoquer les symptômes de la cruralgie, je vais vous faire une rapide présentation du nerf crural. Ce nerf s’est appelé pendant très longtemps le nerf crural. Maintenant, il a changé de nom et s’appelle le nerf fémoral. Mais par contre, malgré le changement de nom, les symptômes d’une cruralgie restent les mêmes ! Et le terme de cruralgie aussi. On ne va pas s’amuser à évoquer une fémoralgie !! Il ne faut quand même pas pousser ! 

Anatomie 

Le nerf fémoral (nerf crural) a son origine qui se situe dans l’abdomen, au niveau du muscle grand psoas. D’un point de vue anatomique, le nerf crural (nerf fémoral) est la plus grande branche terminale du plexus lombaire

Cette branche terminale du plexus lombaire née des troisième et quatrième racines lombaires et accessoirement de la deuxième. Elle se constitue par l’union de ces racines rachidiennes (L2-L3 et L3-L4) dans la profondeur du muscle psoas. Ensuite, elle descend au niveau du bord externe de ce muscle dans la fosse iliaque interne. Elle est devenue à ce moment-là, le nerf crural à proprement parlé. Le nerf crural passe après en avant du muscle psoas, et il passe sous l’arc crural. Il finira par pénétrer dans la cuisse en dehors des vaisseaux fémoraux et se divisera en ses branches terminales. 

Physiologie 

anatomie des vertebres lombaires

Je vous rappelle, ou je vous apprends, que les racines nerveuses sont un ensemble de nerfs qui sortent de la moelle épinière. Ces racines nerveuses sont également appelées racines rachidiennes, En nombre pair le long de la colonne vertébrale, chaque racine nerveuse est constituée d’une branche dorsale, sensitive, et d’une branche ventrale, motrice. 

La douleur le long du nerf crural (ou nerf fémoral) s’appelle une cruralgie. Cette cruralgie est due à une compression de la racine rachidienne L3 (entre L3 et L4) ou dans la plupart des cas de la racine L4 (entre L4 et L5). C’est cette compression qui explique les symptômes de la cruralgie. 

Et pour finir, à quoi sert le nerf crural ? 

Le nerf crural est, comme tous les nerfs spinaux, un nerf à la fois sensitif et moteur. Il innerve la face antérieure de la cuisse et de la jambe. Il permet aussi la flexion de la cuisse sur le tronc et l’extension du genou. Et pour finir, il va s’occuper du recueil des informations sensitives de cette région (chaud, froid, douleur, contact, pression, etc.). 

Examen clinique de la cruralgie

Quand on évoque les symptômes d’une cruralgie, il est très important de s’appuyer sur l’examen clinique. 

On va à ce moment-là recueillir en détail les caractéristiques des symptômes de la cruralgie. On va également examiner avec soin le patient. 


Topographie de la cruralgie
 

Le trajet douloureux va de la partie externe de la fesse jusqu’à la partie antérieure du genou. Cette douleur peut ensuite migrer vers la partie antéro-interne du genou, et parfois le long de la crête tibiale (partie en avant de la jambe). Cela dépendra de la racine rachidienne atteinte, L3 ou L4. 

Quelque fois, les douleurs peuvent se situer dans l’aine, au niveau de la face interne de la cuisse. 

On parle de lombocruralgies quand la cruralgie s’accompagne de douleurs dans la région lombaire. 

Caractéristiques des symptômes d’une cruralgie 

La douleur s’installe généralement de façon rapide.  Elle devient rapidement permanente. La cruralgie peut atteindre une intensité élevée et a très souvent un caractère nocturne. Les dysesthésies sont fréquentes. Une dysesthésie est un nom un peu compliqué, mais vous savez qu’on aime bien ça chez les médecins ! Une dysesthésie veut tout simplement dire que l’on a une altération de la sensibilité d’une partie du corps. Ça correspond par exemple à des fourmillements. Ça peut aussi être des tensions, des brûlures, de l’électricité, des picotements et des engourdissements. La topographie sur la face antéro-interne du genou des dysesthésie signe l’atteinte radiculaire haute (racine L3). 

Examen rachidien 

L’examen rachidien apporte peu d’arguments topographiques et étiologiques concernant les symptômes d’une cruralgie. En terme français, cela veut dire que cet examen ne précise pas correctement la localisation du mal et ses origines. 

examen rachidien

La manœuvre de Léri (inverse de la manœuvre de Lasègue utilisée pour les sciatiques) peut déclencher la douleur. La douleur est reproduite en mettant le patient sur le ventre (décubitus ventral) et en fléchissant le genou à 90°. 

Examen neurologique

C’est l’examen clinique de référence quand on évoque les symptômes d’une cruralgie.  

Cet examen objective la souffrance du nerf crural en révélant : 

  • Un déficit moteur très fréquent nécessitant des tests pour le mettre en évidence. On se rend compte que les muscles dépendants du nerf crural(fémoral) ne marchent pas très bien. Ils ont une faiblesse. 

Abolition ou diminution du réflexe rotulien, que l’on recherchera par comparaison avec le côté opposé. Vous connaissez surement ce réflexe. C’est le coup de marteau (réflexe) que votre médecin préféré fait en vous tapant à la partie basse de votre genou. Le résultat normal est de faire bouger votre jambe par réflexe. 

reflexe rotulien deficit cruralgie
  • Dysesthésie ou hypoesthésie de la face antérieure de la cuisse ou de la jambe antérieure. On a déjà évoqué le terme dysesthésie. Hypoesthésie veut tout simplement dire qu’il existe une baisse de la sensibilité. On sent moins les choses. 

Examen approfondi 

Il est important également d’éliminer d’autres pathologies quand on est en présence de symptômes évoquant une cruralgie

Il faudra notamment éliminer une coxopathie. Décidément, on accumule les termes savants…J’en suis désolé ! Une coxopathie veut dire que l’on évoque une maladie de la hanche. C’est tellement plus simple dit comme ça ! 

L’examen approfondi permettra d’éliminer une autre névralgie que la névralgie crurale. Il pourra s’agir de la névralgie paresthésique, de la névralgie de l’obturateur, ou de la névralgie génitocrurale. Je ne vais pas entrer dans les détails, car c’est déjà assez compliqué comme ça. Mais il fallait que je vous le dise ! 

Diagnostic étiologique des symptômes d’une cruralgie

Que veut dire « diagnostic étiologique » ? Une fois que l’on a identifié les symptômes d’une cruralgie, il faut essayer d’en déterminer la ou les causes (ou les origines). 

L’origine vertébrale bénigne  

L’origine vertébrale bénigne est la cause la plus fréquente. 

L’avènement de l’imagerie avec notamment les scanners et les IRM permet aisément de faire un diagnostic.  

IRM pour examen cruralgie

L’imagerie va permettre de : 

Faire le diagnostic de hernie discale foraminale L2-L3 ou L3-L4, voire extraforaminale L4-L5 à l’origine de la cruralgie. On parle de « hernie foraminale » quand cette dernière concerne le foramen intervertébral. Le foramen intervertébral est la cavité située entre deux vertèbres. Il permet d’avoir une communication entre le canal vertébral (qui contient la moelle épinière et les racines de la queue de cheval) et la région extrarachidienne. 

hernie discale
  • D’apprécier l’impact d’un trouble statique ou d’une vertèbre pagétique. Un trouble statique correspond à une déformation de la colonne vertébrale (scoliose par exemple). On ne parlera pas ici de la maladie de Paget. 
  • Mesurer une sténose canalaire, particulièrement fréquente en L3-L4. On parle ici d’une sténose du canal rachidien ! 
  • Plus rarement, mettre en évidence une spondylodiscite. Cela correspond à l’infection d’un ou plusieurs disques intervertébraux. 

Atteinte tumorale

Malheureusement, les symptômes d’une cruralgie doivent aussi faire penser à un problème tumoral. En terme français, une atteinte tumorale correspond en fait à un cancer. Et oui, les cancers peuvent survenir dans cette région de la colonne vertébrale ! 

Il s’agira de lymphomes, de myélomes, de métastases et de tumeurs intraspinales. 

cellule cancereuse

Le moindre doute sur les clichés standards oblige à s’orienter rapidement vers des examens complémentaires et en particulier vers l’IRM. Mais heureusement, les scanners ou IRM sont fait quand même très régulièrement. 

Les différentes causes extraspinales 

Ce sont des causes qui surviennent au niveau du trajet anatomique du nerf crural (nerf fémoral), en dehors de la colonne vertébrale. 

Elles doivent être recherchées devant toute cruralgie qui ne cède pas ou si les signes rachidiens sont absents d’emblée. Comme quoi, les symptômes peuvent parfois être piégeux lors d’une cruralgie. 

Les causes extraspinales seront : 

  • Une cause viscérale, rénale, pelvienne ou ganglionnaire. Dans ce cas, le médecin prescrira pour commencer une échographie abdomino-pelvienne. Il demandera ensuite un bilan biologique à la recherche d’un syndrome inflammatoire. 
  • Une maladie vasculaire. On pourra retrouver comme cause un anévrisme de l’aorte abdominale ou dissection aortique. Une atteinte iatrogène après chirurgie pelvienne sera possible aussi. Iatrogène signifie dans le cas présent que c’est une complication de la chirurgie. C’est un terme habituellement utilisé pour les effets secondaires nocifs des médicaments. 
  • Un hématome post-traumatique du psoas, essentiellement iatrogène. Cet hématome est lié à un traitement anticoagulant déséquilibré. Il faut l’évoquer systématiquement chez un patient traité par anti-vitamine K et présentant une cruralgie. 
  • Un trouble osseux du fémur révélé par une radio fémorale ou une scintigraphie osseuse. 


Causes générales 
 

Il existe des maladies systémiques qu’il va falloir parfois rechercher en cas de symptômes de cruralgie. Une maladie systémique est une maladie qui touche plusieurs organes. 

Dans le cas de la cruralgie, on pourra être confronté à : 

Une radiculite de Lyme. C’est une atteinte neurologique de la maladie de Lyme qui touche donc le nerf crural. 

maladie de lyme et tique
  • Une radiculite zostérienne. Même explication, mais cette fois concernant le zona. 
  • Une névralgie, avec ou sans amyotrophie, d’origine diabétique. En effet, le diabète, dans toutes ses complications peut toucher les nerfs.  C’est donc important de réaliser un bilan biologique dans la cruralgie. Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’un diagnostic d’élimination. 

Prise en charge des cruralgies

La prise en charge sera différente en fonction des symptômes de la cruralgie. Il y aura des formes classiques, relativement faciles à prendre en charge, et des formes sévères et souvent urgentes. 

La plupart du temps, le médecin généraliste est capable de diagnostiquer et de traiter la cruralgie. 

Les spécialistes de cette maladie sont les rhumatologues, les neurologues et les médecins rééducateurs (MPR). Certains radiologues peuvent également réaliser un acte thérapeutique comme une infiltration. 

medecin specialiste cruralgie

Certaines formes graves de cruralgies nécessitent l’intervention d’un neurochirurgien ou d’un orthopédiste spécialisé dans le rachis. 

Formes classiques des symptômes d’une cruralgie

En général, le patient consulte rapidement. En effet, les symptômes d’une cruralgie sont assez intenses, y compris au début. La douleur est invalidante et doit être soulagée rapidement. On dit alors que la cruralgie est hyperalgique (c’est à dire très douloureuse). Une cruralgie est souvent plus douloureuse qu’une sciatique.  

Le traitement de ces formes classiques comportera des anti-inflammatoires et des antalgiques plus ou moins puissants. 

Néanmoins, dans certains cas, la douleur n’est pas au premier plan ou alors les signes sont plus atypiques. Les symptômes de la cruralgie apparaissent progressivement, sont associés à une fièvre, etc… Tout ceci nécessite un bilan à la recherche d’une autre cause que la hernie discale. 

Formes sévères des symptômes d’une cruralgie 

Certaines hernies discales nécessitent une prise en charge en urgence. Elles sont heureusement relativement rares. Il vous faudra consulter en urgence s’il existe un ou plusieurs signes suivants : 

  • Une douleur très forte nécessitant un traitement antalgique puissant.
  • Une paralysie (déficit moteur important).
  • Des troubles urinaires (perte d’urine, difficulté à uriner).
  • Des troubles digestifs (constipation soudaine).
  • Des troubles sensoriels (anesthésie du périnée, zone située entre l’avant des cuisses et l’anus). 

L’apparition d’un de ces symptômes au cours d’une cruralgie, traduit une urgence chirurgicale. En effet, sans traitement, la compression nerveuse peut entraîner des lésions neurologiques irréversibles (troubles urinaires, paralysie, anesthésie…). Le traitement vise à soulager le nerf et à éviter qu’il ne soit définitivement comprimé et endommagé. 

En cas d’apparition de ces signes, il est nécessaire de consulter rapidement. 

chirurgie hernie discale

Conclusion 

Voilà achevé ce sujet sur les symptômes d’une cruralgie. J’aurais pu faire un sujet beaucoup plus complet sur les cruralgies. D’autres auteurs l’on déjà très bien fait. 

Je voulais plutôt rendre ses lettres de noblesse à cette « pauvre » cruralgie. En effet, elle passe toujours au second plan derrière sa grande sœur, « la sciatique ». La sciatique est beaucoup plus célèbre et connue du grand public. Mais la cruralgie est également une pathologie très fréquente. Il est intéressant de connaître un minimum les symptômes de la cruralgie afin d’être un peu sensibilisé si cela vous arrive.  

C’est une pathologie fréquente, souvent bénigne, bien que souvent très douloureuse. Il existe des formes graves, mais qui sont heureusement peu habituelles. 

Article écrit le 11 juillet 2022 par Docteur santé

Cette page médicale est une source d’information comme bien d’autres et ne détient pas forcément la vérité absolue. Si cette page répond à des questions que vous vous posez, il est impératif cependant d’en parler secondairement à un médecin pour qu’il vous confirme et vous explique vos problèmes médicaux et leurs prises en charge. Internet est sans doute une source d’information très précieuse pour vous, mais seul un médecin (médecin traitant ou spécialiste) peut faire la part des choses et vous soigner correctement.

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