Syndrome dysmétabolique

Introduction

Ouh là là. Le syndrome dysmétabolique. C’est quoi encore cette histoire ?

Vous êtes tombés sur cette page, car votre médecin, un proche vous a soufflé à l’oreille ce mot étrange ?

Ou alors vous tombez par hasard sur cette page, et vous allez être étonnés par ce que signifie cette entité du syndrome dysmétabolique.

Mais est-ce grave docteur ?

Avant de rentrer dans les détails et satisfaire votre curiosité, il faut savoir que ce syndrome métabolique (ou dysmétabolique, c’est pareil) n’est pas à proprement parlé une maladie.

Si c’était le cas, je pense que vous le sauriez vu le nombre de personnes concernées.

Car oui, cela concerne énormément de personnes en France. A peu près 22 à 23 % des hommes et un peu moins de 20 % des femmes. Et encore plus dans d’autres pays comme les Etats-Unis par exemple. Et tout ceci ne cesse d’augmenter avec le temps, donc pour résumer un vrai gros problème de santé publique.

Ce syndrome dysmétabolique n’est donc pas une maladie. Elle correspond à l’apparition concomitante de plusieurs troubles physiologiques et de troubles métaboliques.

En gros, c’est le fonctionnement du corps qui se dérègle progressivement en raison de plusieurs agressions de votre corps. Ces agressions sont en plus provoquées la plupart du temps par vous-même, c’est un comble!  Je vous rappelle que la physiologie est une partie de la biologie qui étudie les fonctions et les propriétés des tissus et des organes du corps humain. Le métabolisme du corps humain correspond aux transformations multiples tant chimiques que biologiques s’accomplissant dans l’organisme.

Avant de détailler tout ça, il faut quand même que je vous rassure ! Car je pense vous avoir un peu stressé par le début de cet article ! Mais la bonne nouvelle est que ce syndrome dysmétabolique est dans la plupart des cas réversible quand on prend la mesure du problème et qu’on réagit dans la bonne direction.

Définition du syndrome dysmétabolique

Ce syndrome, encore appelé syndrome métabolique (ou même parfois syndrome X, histoire de compliquer encore un peu les choses !), est un ensemble de troubles métaboliques et de symptômes.

Les troubles métaboliques seront une glycémie élevée appelée hyperglycémie, un taux faible de bon cholestérol (HDL), des triglycérides élevés (hypertriglycéridémie). Les symptômes seront une hypertension artérielle, un surpoids notamment souvent associé à une obésité de type abdominale.

Le syndrome dysmétabolique fait peur, car si le patient que vous êtes peut-être, ne réagissez pas, si vous n’êtes pas sensibles au feu orange qui clignote vraiment fort, vous risquez de faire un diabète, des cardiopathies dont le fameux infarctus du myocarde (IDM), et aussi de faire un accident vasculaire cérébral (AVC pour les initiés) avec les potentielles conséquences désastreuses sur la vie quotidienne et l’autonomie.

…Mais rassurez-vous, tout est réversible et en réagissant correctement, vous pouvez revenir dans le droit chemin … médical et éviter toutes ces complications.

Il faudra bien évidemment faire des efforts en retrouvant une bonne hygiène de vie. Et oui, c’est vous qui êtes à l’origine de ce syndrome en mangeant trop et notamment trop d’aliments sucrés, de féculents et de gras, d’alcool peut-être, et aussi en étant trop sédentaire avec un manque d’activité physique. Donc, il faut bouger plus (et je pense nettement plus) et manger moins et manger des aliments plus adaptés.

Quant aux médicaments, il n’y en a pas pour traiter le syndrome dysmétabolique. Ce sont les mesures hygiéno-diététiques qui sont efficaces. Les médicaments arrivent par la suite chez les personnes qui n’ont pas pris la mesure du problème et qui commencent à devenir malades avec diabète, hypertension artérielle … Si ces sujets vous intéressent, retrouvez mes articles sur le diabète et l’hypertension artérielle.

Après ces généralités, je vais vous donner une définition plus scientifique de ce syndrome métabolique.

Ce n’est pas ma définition bien évidemment mais celle très sérieuse de la Fédération Internationale du Diabète (FID). Cette fédération réuni des experts du monde entier (endocrinologues, cardiologues, nutritionnistes…) afin de préciser les choses et donner une définition qui est la suivante :

Une personne est atteinte d’un syndrome dysmétabolique quand elle est atteinte d’une obésité abdominale et au moins deux des facteurs suivants qui sont :

• Taux élevé de triglycérides égal ou supérieur à 1,5 g/l
• Taux de cholestérol HDL inférieur à 0,4 g/l
• Hypertension artérielle
• Glycémie supérieure à 1 g/l

Obésité abdominale

Une femme présente une obésité abdominale quand elle a un tour de taille supérieur à 80 cm. Pour les hommes, il faut être au-dessus de 94 cm.  Et oui, pour le syndrome métabolique, on utilise le mètre de couturière et non le calcul de l’IMC (indice de masse corporelle). Il y a souvent des variantes en médecine … rien n’est simple.

Et pour compliquer encore un peu les choses, il existe également des variations ethniques pour ce calcul du périmètre abdominal. Par exemple, pour une grande partie des asiatiques, la valeur est la même pour les femmes, mais le périmètre abdominal ne doit pas excéder 90 cm pour les hommes.

Hypertension artérielle

Peut-être la partie la plus compréhensible pour vous en ce qui concerne le syndrome métabolique. Dans ce dernier, la tension doit être supérieure à 130/85 mmHg ( ou 13/8,5 en cmHg).

Glycémie élevée

La glycémie élevée est un critère très important. Dans la définition du syndrome dysmétabolique de la FID, elle doit être supérieure ou égale à 1 gramme/litre. Le plus souvent, elle est située entre 1,10 et 1,26 g/l.

Petite parenthèse, car assez souvent, les patients arrivent en panique au cabinet car ils ont reçu les résultats d’une prise de sang. Ils ont retenu que leur glycémie (taux de sucre dans le sang) est montée au plafond aux alentours de 5… et là, c’est un peu le gros stress. Certains laboratoires expriment le taux de glycémie en mmol/l (millimole par litre).  1 g/l de glycémie correspond à 5,6 mmol/l. Cela ne sert à rien de rentrer dans les détails, mais c’est juste bon à savoir pour ne pas se mélanger les pinceaux. C’est juste une autre unité de mesure que les grammes par litre qui est largement utilisée dans beaucoup de pays, et dans les publications scientifiques.

Hypertriglycéridémie

Partie importante et qui est souvent retrouvée dans le syndrome dysmétabolique. L’hypertriglycéridémie, ou en langage français, triglycéridémie élevée, est le parent pauvre des dyslipidémies. Là je vous embrouille, mais c’est fait un peu exprès. Je joue un peu au docteur qui parle savamment. 

C’est quoi les dyslipidémies ? La dyslipémie est tout simplement une concentration élevée de lipides dans le sang. Alors là, on a drôlement avancé car bien évidemment, tout le monde sait précisément ce que sont les lipides. Les lipides sont des corps gras que l’on retrouve dans certains aliments et dans le corps humain. Dans l’organisme, les lipides sont représentés par le cholestérol et par les triglycérides.

Dans une prise de sang standard, on recherche ces anomalies et souvent le médecin marque sur la prise de sang EAL. Encore un sigle incompréhensible qui veut dire « Exploration d’une Anomalie Lipidique ».

Le taux de triglycéride ne doit pas dépasser 1,5 g/l, ou 1,7 mmol/l.  C’est marrant, mais vous voyez bien qu’en ce qui concerne les millimoles par litre, il n’y a aucune corrélation avec les grammes par litre. En effet, c’est 5 fois plus élevé pour la glycémie et à peine différent pour les triglycérides. Donc, oubliez les millimoles !

Les lipides sont une source de réserve d’énergie pour le corps. Ils proviennent de l’absorption de gras par l’intestin mais aussi par la transformation du glucose par le foie pour faire simple.

Pourquoi je dis que les triglycérides sont les parents pauvres en ce qui concerne des dyslipidémies ? En effet, on en a qu’après le cholestérol. Ce dernier est sur le devant de la scène, on ne parle que de lui, les patients en sont plus ou moins obsédés. Mais les triglycérides ? On les néglige! Tout le monde s’en fiche un peu! Alors qu’ils représentent un risque cardiovasculaire très significatif, surtout s’ils restent élevés dans la durée. Et cerise sur gâteau, comme dans le syndrome dysmétabolique, leur augmentation est totalement réversible avec un régime adapté, par forcément draconien. Ils baissent très vite avec un peu d’effort. Ça baisse beaucoup plus facilement que le cholestérol.

Un faible taux de HDL cholestérol

Un autre élément important dans la détermination d’un syndrome dysmétabolique : le bon cholestérol.

A une époque, pas si lointaine que ça, on ne parlait que du cholestérol. Mais bien sûr, c’était trop simple, et est arrivé la notion de bon et de mauvais cholestérol.

Le cholestérol est un corps gras (au même titre que les triglycérides dont nous avons déjà parlés) indispensable au fonctionnement de l’organisme. Il est présent dans certains éléments constitutifs des cellules humaines et il est aussi utilisé pour fabriquer des substances dont des hormones. Le cholestérol est donc une bonne chose pour l’organisme, mais comme pour toute chose, c’est une question d’équilibre. Il faut juste ce qu’il faut et pas plus.

Le cholestérol une fois digéré par le système digestif se retrouve dans le sang. Mais problème, il n’est pas soluble dans le sang. Pour voyager dans le système sanguin, il lui faut être associé à une lipoprotéine. Les lipoprotéines sont en quelque sorte des transporteurs de cholestérol. Il en existe plusieurs types, ce qui aura son importance dans notre sujet concernant le syndrome métabolique :

• Des LDL (low-density-lipoproteins). Le LDL cholestérol correspond au mauvais cholestérol. C’est celui qui, quand il est en excès, va avoir tendance à s’accumuler dans les vaisseaux sanguins et à former les fameuses plaques d’athérosclérose et augmenter du coup le risque cardiovasculaire.  Je parle du LDL dans cet article, car il est très, très important en médecine, mais ce n’est pas le sujet de cet article. Dans le syndrome dysmétabolique, c’est le HDL qui nous intéresse.
• Des HDL (high-density-lipoproteins : et oui, encore de l’anglais !). Le HDL cholestérol correspond au bon cholestérol. Ces lipoprotéines HDL vont en quelque sorte absorber le cholestérol sanguin et le transporter vers le foie. Donc, plus on possède de HDL, plus le taux de cholestérol dans le sang va baisser, et plus le risque cardiovasculaire va diminuer.
• Des VLDL ( very-low-density-lipoproteins). Les VLDL transportent les triglycérides.

Pour en revenir à notre syndrome dysmétabolique, le taux de HDL cholestérol est inférieur à 0,40 g/l chez l’homme et à 0,50 g/l chez la femme.

Petite parenthèse pour l’interprétation d’une prise de sang concernant le cholestérol. Combien de fois j’ai vu arriver un patient avec la mine déconfite au vu de ses résultats ?  » Docteur, c’est vraiment mauvais, j’ai beaucoup de cholestérol ». Mais comme je viens de vous l’expliquer, le cholestérol total seul ne veux rien dire. On peut très bien avoir beaucoup de cholestérol total, beaucoup de bon cholestérol (HDL) et au final peu de mauvais cholestérol (LDL).

Conclusion sur le syndrome dymétabolique

Résumé

Donc, pour parler de syndrome dysmétabolique, on prend en compte 5 principaux critères qui sont :

• Obésité abdominale
• Hypertension artérielle
• Glycémie élevée
• Hypertriglycéridémie
• HDL cholestérol bas

Ces 5 critères ne sont pas indépendants les uns des autres. Ils sont au contraire tout à fait intriqués. Le syndrome métabolique est en fait une entité à part entière bien qu’il ne soit pas à proprement dire une maladie au sens littéral du terme. 

Il faut plutôt considérer le syndrome dysmétabolique comme un avertissement avant de développer des maladies comme diabète, maladie cardiovasculaire …

Précision et autres informations

Je n’ai pas parlé d’une notion importante qu’est l’insulinorésistance. En effet, la plupart des patients ayant un syndrome dysmétabolique présentent une insulinorésistance (ou résistance à l’insuline). L’insuline, hormone produite par le pancréas, est l’hormone qui régule le sucre dans notre organisme. Donc si elle est perturbée, cela va donner beaucoup de conséquences. Je n’entre pas plus dans le détail, c’était important d’avoir cette notion. Je vous donne ce lien concernant un article sur la résistance à l’insuline, pour en savoir plus si vous le désirez.

Le syndrome métabolique augmente, comme on l’a vu, le risque de faire un diabète, de maladies cardiovasculaires, un AVC. 

On parle aussi d’augmentation du risque de dépression, d’anxiété chronique, de déclin cognitif et de démence (type maladie d’Alzheimer), mais cela reste à prouver et de nombreuses études sont en cours. On parle aussi de l’augmentation du risque de certain cancers.

Pour la définition du syndrome dysmétabolique, on a parlé des 5 critères principaux, décrits ci-dessus. Mais des équipes de recherche médicales évoquent aussi d’autres critères qui sont :

• L’inflammation
• La microalbuminurie
• Un syndrome des ovaires polykystiques
• Syndrome d’apnée obstructive du sommeil …

Prévention et traitement du syndrome dysmétabolique

Cela ne va pas vous plaire!  Déjà, quand le médecin vous dit :  » Monsieur, Madame, vous avez un syndrome dysmétabolique« , là vous êtes déjà dans le stress, car vous ne comprenez pas très bien ce dont il s’agit (mais j’espère que maintenant ce n’est plus le cas). Et après, il va en rajouter une couche en vous disant : “ vous êtes trop gros, vous mangez n’importe quoi et en plus vous êtes devenu un grand fainéant en restant de trop à la maison et en vous déplaçant qu’en prenant votre voiture”. Il n’est pas cool votre docteur je trouve ….. et pourtant, ce n’est que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Si vous avez ce problème de syndrome dysmétabolique, c’est lié en très grande partie à vous-même.

Ben voilà, on y est, on est entré dans la culpabilité. Mais ce n’est pas le but du jeu ! Car non, vous n’êtes pas nuls, vous vous êtes juste laissés aller pendant quelques années. Ce n’est pas grave, car comme je vous l’ai déjà dit, le syndrome métabolique n’est pas une maladie. C’est juste un dérèglement de l’organisme, pouvant provoquer des maladies. Si rien ne change, vous développerez de sales maladies, si vous changez vos habitudes de vie, ce sera totalement réversible.

Donc :

• Marchez tous les jours.
• Faites du sport. Pas la peine de devenir un champion olympique, mais il faut bouger un peu régulièrement.
• Mangez plus sainement en évitant de manger trop de gras et trop de féculents et augmentez votre ration quotidienne de fruits et légumes.
• Arrêtez le tabac. Mais certain me diront que ça fait grossir…..   Peut-être. Je botte en touche. Voyez avec votre médecin traitant, il va être content de régler cet épineux problème !
• Diminuez le plus possible l’alcool.
• Et pour finir, voyez au moins une fois par an votre médecin traitant afin qu’il puisse un minimum vous examiner (mesure du périmètre abdominal, tension …) et qu’il vous prescrive une prise de sang.

Donc voilà, on a fait à peu près le tour de cette question fort intéressante qu’est le syndrome dysmétabolique (ou syndrome métabolique, ou syndrome X).

Cette un problème que je vois quotidiennement dans mon cabinet.

C’est un problème très sérieux quand on voit les éventuelles conséquences. Mais pour moi qui suis plutôt d’un naturel positif, la découverte d’un syndrome dysmétabolique est plutôt une nouvelle positive, car votre corps vous prévient gratuitement de périls à venir. Périls qui peuvent être évités de façons relativement simples.

Article écrit le 18 mars 2022 par Docteur santé

AVERTISSEMENT

Cette page médicale est une source d’information comme bien d’autres et ne détient pas forcément la vérité absolue. Si cette page répond à des questions que vous vous posez, il est impératif cependant d’en parler secondairement à un médecin pour qu’il vous confirme et vous explique vos problèmes médicaux et leurs prises en charge. Internet est sans doute une source d’information très précieuse pour vous, mais seul un médecin (médecin traitant ou spécialiste) peut faire la part des choses et vous soigner correctement.