
Qu’est-ce que le syndrome rotulien ?
Déjà, en utilisant le terme de syndrome, cela veut dire que ce n’est pas une maladie unique mais plutôt un ensemble de symptômes et de signes cliniques pouvant s’associer à plusieurs maladies différentes. Mais un syndrome peut aussi ne pas révéler une maladie, mais seulement un dysfonctionnement sans aucune lésion identifiée, ce qui est souvent le cas dans le syndrome rotulien.
Le syndrome rotulien, également appelé syndrome fémoro–patellaire (SFP), est une pathologie assez fréquente. Elle touche moins de 1% de la population générale, ce qui est quand même beaucoup. Par contre, le syndrome rotulien est beaucoup plus fréquent chez les sportifs.
Le syndrome rotulien concerne la rotule. La rotule est un os du genou. Il est dorénavant appelé par la communauté médicale, la patella. Et oui, on aime bien se compliquer les choses en médecine ! Par conséquent, le terme “patellaire” sera utilisé quand on parle de choses en relation avec la rotule.
Sur le plan des symptômes, quand on parle de syndrome rotulien, çela concerne plutôt les douleurs du genou liées à la rotule, c’est à dire des douleurs de la partie antérieure du genou (situées sur le devant).
Et pour finir cette introduction, il faut savoir que le syndrome rotulien peut vite devenir une pathologie chronique si on ne le prend pas en charge, et littéralement va vous gâcher la vie. Ce n’est pas une pathologie grave, mais d’avoir constamment mal au genou, de ne plus pouvoir faire des efforts et du sport, c’est vraiment galère au final.
Anatomie du genou et de la rotule


Anatomie du genou
Je ne vais pas faire un grand cours d’anatomie du genou, car ce n’est pas vraiment le sujet, et je n’en ai pas forcément les compétences. Vous trouverez un lien avec une page vraiment très bien faite sur l’anatomie du genou. Mais pour comprendre le syndrome rotulien, il faut en parler un minimum.
Trois os composent l’articulation du genou : Le fémur en haut, le tibia en bas et la rotule (patella je vous rappelle) en avant. Ces trois os vont former deux articulations : l’articulation fémoro-tibiale et l’articulation fémoro-patellaire (fémoro-rotulienne dans l’ancien temps).
Pour faire simple, ces articulations du genou sont stabilisées par de nombreux éléments anatomiques qui sont :
- Des ligaments : ligaments croisés (antérieurs et postérieurs) et des ligaments latéraux (internes et externes).
- Des ménisques (antérieures et postérieurs).
- Des groupes musculaires : quadriceps, ischio-jambiers, triceps sural.
- La capsule articulaire.
Tous ces éléments doivent marcher correctement ensemble de façon harmonieuse afin que le genou puisse fonctionner sans douleur.
Retrouvez l’anatomie du genou en image.
Anatomie de la rotule
Qu’est ce que la rotule ?
Quand on parle de syndrome rotulien, il faut savoir ce qu’est exactement la rotule.
La rotule (patella en latin), est un os relativement petit situé en avant du genou. C’est celui qu’on sent en touchant le genou devant.
Elle est composée de deux faces. Une face antérieure, osseuse, et une face postérieure (ou interne) recouverte de cartilage. Cette partie cartilagineuse glisse en arrière avec une partie du fémur appelée trochlée, également recouverte de cartilage. Ces deux cartilages coulissent l’un sur l’autre, et forment l’articulation fémoro-patellaire.
Pour celles et ceux que cela intéresse, retrouvez l’article » Cartilage articulaire normal : anatomie, physiologie, métabolisme, vieillissement « . Vous apprendrez ce qu’est exactement un cartilage articulaire.
Le cartilage est un élément indispensable permettant le fonctionnement des articulations et son vieillissement donne un phénomène connu de tous, l’arthrose. Pour ceux qui sont amateurs de poulet, le cartilage est la partie ronde située à l’extrémité de la cuisse. Elle est ronde, blanche et très lisse. C’est pareil chez nous, les humains !
La rotule se situe entre deux tendons puissants qui la maintiennent en place. Il s’agit en haut du tendon quadricipital (prolongement du muscle quadriceps), et en bas du tendon patellaire (ou tendon rotulien) qui la relie au tibia. Les deux tendons sont reliés par un tissu fibreux.
La rotule a un double rôle dans le genou. Elle protège le genou contre les chocs directs, c’est à dire quand on tombe sur l’avant du genou, ou qu’on reçoit un choc au niveau de la rotule. Elle joue aussi un rôle dans la mécanique du genou en ce qui concerne la flexion et l’extension de ce dernier.
Biomécanique du genou
Pour finir ce chapitre, on se doit également de parler de la biomécanique du genou. C’est un sujet très vaste et compliqué qui à mon avis n’est pas indispensable pour vous pour comprendre le syndrome rotulien. Je vais juste faire une petite parenthèse pour parler quand même de la biomécanique de la rotule.
La stabilité de l’articulation fémoro-patellaire est supportée par des éléments dynamiques que sont bien évidemment les tendons quadricipital et patellaire, mais aussi le muscle quadriceps et la bandelette ilio-tibiale. Cette stabilité est aussi supportée par des éléments statiques que sont la capsule articulaire, la trochlée fémorale, le ligament patello-fémoral et les rétinaculums patellaires latéral et médial.
Si un ou plusieurs de ces stabilisateurs sont abimés, l’équilibre du genou sera atteint et on pourra avoir un syndrome rotulien.

Syndrome rotulien et consultation
Le diagnostic du syndrome rotulien est essentiellement clinique, après le recueil des symptômes décrits par le patient et après l’examen clinique du médecin. Un bilan radiographique sera parfois demandé, surtout pour éliminer d’autres problèmes. Mais en ce qui concerne ce syndrome rotulien, pour que l’on affirme son diagnostic, les radiographies doivent êtres normales. La douleur est liée à un problème fonctionnel, c’est à dire un problème de fonctionnement du genou sans qu’il y ait la moindre anomalie anatomique.
Anamnèse ou histoire de la maladie
Encore un mot bien étrange pour évoquer somme toute quelque chose de simple. Ce mot est souvent utilisé en médecine. Cela veut dire tout simplement “histoire de la maladie”. On utilise aussi ce terme en médecine, surtout à l’hôpital dans les dossiers médicaux, mais comme c’est trop simple, on dira plutôt “HDM”. Donc l’anamnèse regroupe les antécédents médicaux et l’histoire du problème qu’évoque ce jour le patient. Voilà, c’était juste une petite parenthèse !
Voici une liste de symptômes que peut évoquer le patient en rapport avec un syndrome rotulien :
- Douleurs antérieures du genou. La douleur est souvent d’apparition brutale, souvent suite à un faux mouvement. Elle est souvent difficile à décrire car de localisation imprécise. Parfois, elle est autour de la rotule en formant un cercle (circle sign chez nos amis anglosaxons).
- Ces douleurs concernent un ou deux genoux. Souvent, le début est progressif. Ensuite, elle est capricieuse avec des hauts et des bas.
- La douleur s’aggrave dans certaines circonstances comme monter ou descendre un escalier(souvent encore plus à la descente). Elle s’aggrave également quand on reste trop longtemps assis. La position accroupie ou si on s’appuie par terre sur les genoux peut aussi provoquer les douleurs.
- Dans le syndrome rotulien, on retrouve souvent une exacerbation des douleurs dans le cas de certaines pratiques sportives, ou même tout simplement en cas de marche rapide. L’exacerbation, terme très souvent utilisé en médecine, signifie qu’on a une aggravation significative, et souvent brutale, des symptômes déjà présents de sa maladie. Donc dans le cas du syndrome rotulien, l’exacerbation veut dire qu’un jour, on a envie d’aller faire un petit jogging. On avait un peu mal à l’avant du genou, mais vraiment rien de méchant. On se met à courir, et au bout d’un certain temps, la douleur augmente et devient vite très intense : c’est ça l’exacerbation.
- Il peut y avoir des perceptions de blocage dans le genou, de craquements (et aussi crépitements et grincements) dans le genou, d’une impression d’instabilité du genou ou même de dérobement.
- L’interrogatoire devra préciser s’il existe des antécédents de traumatisme du genou.
Syndrome rotulien et facteurs de risque
Le diagnostic de syndrome rotulien est difficile car les causes sont multiples et complexes. Il existe deux grands groupes de facteurs de risques : intrinsèques et extrinsèques. Les facteurs de risque intrinsèques regroupent les anomalies anatomiques sous-jacente au syndrome rotulien et les défauts de fonctionnement des éléments constitutifs du genou en rapport avec la rotule. Les facteurs de risques extrinsèques regroupent les anomalies de la pratique sportive ou physique elles-mêmes.
Facteurs de risque intrinsèques
- Anomalies anatomiques comme dysplasie patellaire, patella alta et dysplasie trochléenne.
- Anomalie du fonctionnement de certains muscles, comme par exemple la faiblesse du quadriceps, et le mauvais équilibre entre le muscle vaste médial et le muscle latéral.
- Perturbation de la biomécanique des membres inférieurs.
- Mobilité trop importante de la rotule (hypermobilité).
- Rétinaculum patellaire latéral rétracté.
- Baisse de l’extensibilité de muscles comme le quadriceps ou les ischio-jambiers, mais aussi de la bandelette ilio-tibiale.
- Antécédents de traumatismes ou de chirurgie du genou ou du membre inférieur.
Facteurs de risque extrinsèques
- L’environnement où l’on marche et où l’on court. Présence ou non d’escaliers. Existe-il des pentes importantes … ?
- Sur quels terrains pratique-t-on son activité ; macadam, terre, sable …
- Bien évidemment, quel est le sport
- L’équipement aura souvent un rôle important dans la survenue ou la persistance d’un syndrome rotulien et en particulier les chaussures que l’on utilise.
Signes cliniques du syndrome rotulien
Cette partie concerne plutôt le médecin car les signes cliniques sont retrouvés lors de la pratique de l’examen clinique par le praticien. Je ne vais donc pas entrer dans les détails, je vais juste vous en donner les grandes lignes.
Le médecin va donc va commencer par vous inspecter attentivement. Il vous mettra debout pour voir l’alignement de vos jambes. Il vous fera marcher également pour voir s’il existe un trouble de la dynamique du membre inférieur (de la hanche aux pieds). Existe-il une boiterie ? Il va aussi vous faire faire un peu de sport en vous demandant de faire des flexions- extensions du genou.
Ensuite, il va vous palper le genou, à la recherche de nombreux signes éventuels (inflammation, tonus musculaire, épanchement, douleurs retrouvées à la pression…). En cas de syndrome rotulien, il s’attardera plus longuement sur la rotule à la recherche de signes spécifiques … Il en existe plusieurs ! Le médecin regardera la souplesse de vos muscles. Il calculera aussi les amplitudes articulaires.
Imagerie et syndrome rotulien
Le plus souvent, le diagnostic de syndrome rotulien est clinique. Généralement, l’imagerie sera faite dans un deuxième temps. On traitera dans un premier temps le patient. En cas de persistance ou de réapparition des symptômes après un traitement bien conduit, on fera des imageries.
Les examens pratiqués seront pour commencer les radiographies. Elles doivent être de face et de profil avec le genou en charge, mais aussi avec des incidences axiales des rotules.
Si ce n’est pas suffisant, on fera scanner et/ou IRM du genou.
Dans le cas du syndrome rotulien, on ne retrouve généralement rien à l’imagerie. Dans le cas d’une subluxation de la rotule, pouvant entrer dans les causes de syndrome rotulien, ça sera visible à l’imagerie. C’est le cas où la rotule se déplace partiellement et se replace spontanément sans qu’il y ait de lésion retrouvée. Si on laisse évoluer cette subluxation dans le temps, elle peut provoquer des dégâts aux ligaments et provoquer une instabilité permanente.
L’intérêt de l’imagerie est de retrouver une maladie du genou qui expliquerait la symptomatologie. Si l’on retrouve une maladie bien précise, cela voudra dire que l’on n’était pas atteint d’un syndrome rotulien. Voici quelques exemples de maladies que l’on pourrait retrouver : Tendinites, lésions cartilagineuses, lésions osseuses, arthrose, lésions des ménisques, bursite …
Traitements du syndrome rotulien
Le syndrome rotulien est lié à un problème fonctionnel. Ceci veut dire plus clairement qu’il n’y a rien à enlever ou à réparer avec l’aide du chirurgien. Mais bon, ce n’est pas grave car ils ne seront pas au chômage pour autant ! Le traitement sera purement médical avec une prise en charge par le médecin généraliste, tout du moins au début.
Traitement antiinflammatoire et antalgiques
Généralement, quand le patient consulte au cabinet pour un syndrome rotulien, il repart avec comme conseil de faire une pause plus ou moins longue dans sa pratique sportive. Il repartira aussi parfois avec un traitement antiinflammatoire et des antalgiques (antidouleurs).
En cas d’inefficacité du traitement médicamenteux et du repos, viendra alors la phase de la rééducation.
Rééducation
La rééducation comprendra essentiellement des exercices de renforcements musculaires et des exercices d’étirements musculaires. D’autres techniques seront également utilisées par votre kiné.
Petite parenthèse concernant la rééducation. La rééducation est “kiné -dépendante”. Et oui, en effet tous les kinésithérapeutes ne se valent pas. Ça dépend de leur technicité, du temps qu’ils passent avec vous, de leur motivation … La plupart sont heureusement compétents. Donc pour choisir votre kinésithérapeute, soit vous en avez un depuis longtemps qui vous soigne bien, donc là, pas de problème. Mais si vous n’en connaissez pas, demandez conseil à votre médecin traitant, ou même à votre pharmacien. Ces derniers connaissent bien les kinésithérapeutes de leur quartier et pourront bien vous conseiller.
Médecin spécialiste
Si malgré tout ça, le syndrome rotulien n’est toujours pas parti, ou s’il est revenu après la rééducation, alors cela devient plus compliqué et on devra alors se faire aider par un médecin spécialiste.
Il faudra alors consulter soit un médecin du sport, soit un médecin rééducateur. Ce sont pour moi les deux spécialités les plus à même de pouvoir vous guérir. En effet, le médecin du sport est très au fait du syndrome rotulien, car ce dernier est la plupart du temps en relation avec une pratique sportive. Le médecin rééducateur, est un spécialiste aussi très valable dans cette pathologie surtout en ce qui concerne la prise en charge avec une rééducation bien plus adaptée au patient après son expertise.
Vous pouvez aussi consulter un rhumatologue, voire un chirurgien orthopédiste (mais sans son bistouri !). Mais je pense que c’est moins approprié dans cette pathologie.
Conclusion sur le syndrome rotulien
Le syndrome rotulien est donc une pathologie surprenante. Tout d’abord, c’est une pathologie fréquente. Et ensuite, c’est une pathologie purement fonctionnelle, c’est à dire sans lésion individualisée. Elle est souvent difficile et longue à traiter, mais rassurez-vous, on y arrive généralement toujours.
Le traitement passe par la médecine, mais pas que. Je m’explique. On prend des médicaments, on va voir le kiné ou même le spécialiste. Mais souvent au final, on va aussi vous conseiller de modifier vos pratiques sportives. Ces modifications seront par exemple de changer vos chaussures, de modifier vos terrains de jeu (par exemple, plutôt courir sur des terrains souples que sur du macadam), de modifier votre gestuelle dans tel ou tel sport… Donc, importance du corps médical et paramédical, mais aussi importance des coachs sportifs et des professeurs de tel ou tel sport pour adapter vos pratiques sportives à votre syndrome rotulien.

Article écrit le 21 février 2022 par Docteur Santé
AVERTISSEMENT
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